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Interview de Laurence de la Ferrière : conférencière exploratrice

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Par StartnPlay

Publié le 18 mars 2022

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Ses exploits sportifs en qualité d’exploratrice alpiniste sont connus de tous. Dans cette interview, nous allons tenter de connaître les motivations et les valeurs qui sous-tendent tout destin exceptionnel.
  

 width=Pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter avec un peu votre parcours, vos activités aujourd’hui?

Oui, Laurence de la Ferrière, concernant mon parcours à la base je suis une alpiniste qui a découvert complètement par hasard le versant italien du Mont Blanc, et ça a été une véritable révélation. J’ai décidé que j’allais passer ma vie en montagne et puis, après avoir grimpé pendant un certain nombre d’années dans les Alpes, j’ai voulu élargir mon horizon et m’attaquer aux plus hauts sommets de l’Himalaya. Je me suis alors engagée pendant une dizaine d’années à faire des sommets de plus de 8000 mètres. Je voulais devenir la première femme au monde à gravir le sommet de l’Everest sans oxygène. Je me suis heurtée à une limite et malgré 5 tentatives je n’ai jamais atteint le sommet principal de l’Everest. J’ai atteint le sommet Sud qui culmine à 8770 m et du coup j’étais un peu stoppée dans mon élan en ayant le sentiment que j’étais capable de faire plus mais que je n’arrivais pas à réussir ce que j’avais décidé de faire.

Pour essayer de rebondir sur cet échec que j’avais du mal à assumer, j’ai décidé de me remettre en question dans un endroit où je serai seule et où je ne subirai aucune influence, dans le plus grand désert du monde : l’Antarctique. C’est vraiment le seul endroit au monde où il n’y a aucune vie possible et j’avais la certitude de me retrouver seule face à moi -même. Donc je me suis entraînée puis je suis partie pour faire une première traversée et devenir le premier français à atteindre le Pôle Sud en solitaire en 1996. Cette expédition polaire a été une sorte d’initiation où je me suis rendue compte que c’était quelque chose qui me correspondait.

Avec l’Institut polaire, on a élaboré un nouveau projet qui serait de traverser la partie de l’Antarctique la plus inaccessible et de passer par une base qu’on partage avec les Italiens qui s’appelle Concordia pour accéder à la terre Adélie, 3000 km entre le Pôle Sud et puis la côte en Terre-Adélie, en face de la Tasmanie. Ça a été une expédition où j’ai repoussé toutes les limites que je croyais avoir. Cela m’a permis d’être aujourd’hui encore la seule femme au monde à avoir intégralement traverser l’Antarctique en solitaire.

Quelle est l’expédition pour laquelle vous avez pris le plus de plaisir et à contrario celle qui a été la plus difficile ?

La plus belle c’était l’expédition de la 2ème traversée de l’Antarctique et la plus douloureuse celle de l’Everest, mais en même temps, j’ai tiré des enseignements extrêmement importants à travers les deux, que ce soit des effets ou des succès. C’était très constructif, ça a été fondateur d’un mouvement qui m’a obligée à me remettre en question.

Je me pose la question, c’est vrai qu’en tant que femme, vous êtes dans un milieu qui est à la base purement masculin, où la performance est très importante, du coup est ce que vous avez ressenti un décalage? Est-ce que vous avez dû faire vos preuves?

Ah oui, en tant que femme, c’était très compliqué parce que c’était un monde très masculin où les hommes n’avaient pas envie de reconnaitre mes capacités. Donc c’est vrai qu’il a fallu que je m’acharne à faire ma place et dans le fond, ce que je trouvais dommage, c’est que je pense que les femmes et les hommes ont des atouts complémentaires. Moi, ce que j’ai fait je l’ai réalisé avec mes qualités de femme, c’est-à-dire avec une conscience de mes limites et surtout la certitude que l’on peut réussir non pas en s’imposant mais en apprivoisant les éléments. Faire avec et non pas contre.

Lorsque vous monter une expédition, vous avez toujours pour objectif, dites-moi si je me trompe, de dresser un bilan de l’impact de l’homme sur la nature et de mettre en lumière le réchauffement climatique ?

En premier lieu lorsqu’on traverse l’Antarctique on est obligé d’avoir une logique écologique, de voyager léger avec seulement l’essentiel pour la survie. Ensuite lors de la dernière expédition on a fait une enquête avec une équipe de scientifiques au niveau de la péninsule Antarctique pour mesurer le taux de micro plastiques dans l’océan austral, rapporter des éléments de pollution qu’on retrouvait dans les échantillons de neige et prouver par la présence d’une algue  le réchauffement des courants marins. J’ai essayé vraiment d’utiliser mes expéditions pour apporter des preuves factuelles et partager mes connaissances avec des jeunes, on était en contact avec 40 000 jeunes. On était sur un bateau à voile et tous les jours on a répondu aux mails, envoyé des photos, des vidéos et donc ça leur permettait d’avoir à distance un aperçu extrêmement réel de la situation en Antarctique et du réchauffement climatique.
Pour faire une sorte d’avant après, l’aventurier du siècle dernier cherchait surtout à avoir le dessus sur les éléments, est ce que l’aventurier du 21ème siècle au contraire ne recherche pas avant tout à défendre la nature? Qu’en pensez-vous ?

L’écologie est parfois perçue comme un phénomène de mode. Il faut donc être prudent. L’aventurier qui devient le champion de l’écologie pour trouver un sponsor c’est quelque chose qui me dérange. Pour ma part, l’éthique est une chose importante et qui ne souffre aucune récupération. Je pense qu’il faut toujours faire preuve d’une très grande humilité en tant qu’être humain. C’est le début du respect de l’environnement et de la notion d’écologie. Il faut trouver un vrai équilibre entre ce qu’on fait et les idées que l’on défend.

Pour faire un parallèle avec le monde d’entreprise, pourquoi avez-vous eu envie de devenir conférencière?

Lors de notre première expédition polaire notre sponsor a souhaité que l’on raconte notre aventure, ça a commencé comme ça. Les conférences pour moi ont été un moyen de réfléchir au fait d’être un explorateur aujourd’hui et de pouvoir partager d’une autre manière mon histoire, pas seulement sur le côté féministe ou écologique mais sur le côté humain d’exploration de ses capacités et le dépassement de ses propres limites. Pour moi les conférences, c’est aussi une occasion de partager et de se questionner.

Quelles thématiques abordez-vous le plus souvent lors de vos conférences ?

J’aborde beaucoup de thèmes à la fois différents et complémentaires. Le dépassement des limites, la gestion du risque, la nécessité de l’entraînement et de la préparation, l’environnement. Il y a le fait de transformer un échec en leçon pour s’améliorer et aussi la gestion d’une équipe en milieu extrême car un succès solitaire c’est aussi une réussite collective avec une équipe, même à distance. Cela rejoint le management d’équipe dans une entreprise et lors d’une conférence cela peut apporter un autre éclairage et un point de vue différent sur la façon de mener une équipe à la réussite d’objectifs.

Il y a un autre sujet qui me tient à cœur c’est celui de l’exploration en milieu inconnu. C’est à mon avis une source d’exaltation et de créativité parce-que c’est se mettre en situation de découvrir quelque chose de nouveau et c’est très enrichissant.

J’ai aussi lu que vous financiez vos expéditions, notamment en écrivant des livres ?  Aimez-vous écrire?

Pendant la 2ème traversée de l’Antarctique j’ai écrit un journal de bord qui a été ensuite publié chez Robert Laffont sous le titre de « Seule dans le monde des glaces » où j’ai condensé toutes mes expériences et pensées au jour le jour. C’était pour moi un moyen de me sentir moins seule et pour garder intacts mes souvenirs et ressentis. J’aime écrire, l’écriture est un peu comme une échappatoire, un refuge.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose à notre entretien ?

Peut-être une petite conclusion sur mon parcours, quelque chose de très fondateur pour moi. Je suis passée de la verticalité de l’Himalaya à l’horizontalité de l’Antarctique. Et c’est dans ce changement d’altitude que j’ai découvert qu’en changeant sa manière de voir les choses, on pouvait modifier la connaissance de soi, de ses capacités et de ses limites.

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